top of page

 Celle qui ne dit pas a dit 

Note d'intention

​

Ça commence dans la rue
Je croise des gens et plusieurs fois, je les j’entends dire : « alors il/elle m’a dit/ alors je lui ai dit/ tu te rends compte il/elle m’a dit…. »
Alors je me dis que c’est ça qu’on raconte : la parole des autres, ce que ça nous a fait, comment notre parole a répondu, comment on a su quoi dire, comment on n’a pas su, comment on dit à une tierce personne parce qu’on ne parvient pas à le dire à qui on aimerait dire, et comment on rumine tout ce qu’on n’a pas su dire


Ça se poursuit
dans l’écriture d’un dialogue entre deux femmes où l’on comprend que l’une a répété ce que l’autre a dit et que cette dernière est fortement contrariée de cela, parce qu’elle voulait être celle qui le dit  


Ça se poursuit encore
avec l’envie de développer cette situation et de la déployer entre trois voix féminines. Ce qui m’intéressait c’était de voir comment une parole dite, dans un certain contexte peut désorganiser tout un équilibre relationnel et modifier les identités individuelles. La situation initiale n’est pas précisément décrite, car elle est juste un prétexte à envisager les liens entre des pouvoirs et des paroles, et comment on circule entre les deux.  

Alors
J’ai imaginé comment ces femmes se définissaient par rapport au fait de dire. Comment elles s’étaient construites autour d’un dire possible ou empêché. Et comment la modification d’un rôle qu’on croyait être une destinée modifie tous les équilibres.

On ainsi surgi 3 personnages :


Celle qui dit
Celle qui dit après
Celle qui ne dit pas


Un jour, celle qui ne dit pas
Prend la parole et dit
L’espace d’un échange, elle devient une de celles qui disent
Elle en est toute étonnée et fière
Elle se  met à explorer comment elle est devenue une de celles qui ne disent pas
Comment elle s’est installée dans cette identité là
Elle se met à croire en la possibilité renouvelée du dire
Elle se met à croire qu’elle peut devenir une de celles qui disent


Celle qui dit
Elle s’est construite par le dire
Elle savoure la reconnaissance la place que ça lui confère dans le groupe
N’accepte pas de n’être pas celle qui a dit d’abord
Elle est obligée de se positionner par rapport à une parole qu’elle a initiée
Mais pas dite officiellement dans le cadre réel d’un affrontement avec une autorité
Elle n’accepte pas de devenir une de celles qui dit après
Ca l’amène à s’interroger sur les enjeux de son dire
Devra-t-elle s’avouer que son dire est juste un levier de pouvoir ?
Comment sortir de cet enjeu et retrouver un dire qui construit avec les autres ?


Celle qui dit après
Semble de prime abord rester dans son rôle : elle se posera la question de sa propre prise de parole après qu’une parole a émergé
Pourtant, elle prend conscience que d’ordinaire, son dire après est une confirmation du pouvoir d’un autre : elle parle après qui a autorité, légitimité pour le faire et par conséquent, elle ne prend pas de risque réel
Surgit alors l’angoisse d’être finalement une de celles qui ne disent pas
Mais si celle qui dit n’a pas dit elle risque de devoir se positionner après quelqu’une qui n’a pas d’ordinaire la place reconnue de celle qui dit
 Il faudra alors choisir et assumer, seule, son dire
Deviendra-t-elle alors une de celles qui disent ?


C’est l’histoire d’une exploration des identités à travers la parole : qui autorise, qui retient, qui permet, qui donne la permission de dire ?

C’est l’histoire de lignes qu’on fait bouger et qui dessinent de nouvelles figures, qu’on ne croyait pas possible.

C’est l’histoire de trois émancipations par la parole

 

bottom of page